Ma vie de romancière – 14 – Au tout début

Depuis la rentrée littéraire, le monde de l’édition vacille sur ses bases. L’auto-édition est montrée du doigt, houspillée, critiquée par ses détracteurs ou, au contraire, défendue bec et ongles par ses adeptes. Le soutien d’une maison d’édition avec pignon sur rue semble la panacée pour nombre d’écrivains qui espèrent entrer dans le sein des saints par la porte, la fenêtre ou le trou de la serrure et pouvoir sans honte et avec un brin de fierté, affirmer avec une certaine grandiloquence : je suis auteur parce que je suis édité chez untel ou untel. 

J’ai été de ceux-là. 

Les consommateurs quant à eux, s’appuient sur le sérieux du travail éditorial d’une maison d’édition, sur sa renommée pour choisir leurs lectures. Regardez les têtes de gondoles, écoutez les émissions littéraires, lisez les critiques, promenez-vous sur certains groupes de lectures des réseaux sociaux et très vite le tour de la question est fait. Les grands noms sont présents, adieux les petits auteurs. 

J’ai été de ces lecteurs-là. 

Comment choisit-on de devenir indépendant dans un milieu extrêmement concurrentiel où la visibilité est le nerf de la guerre, ou le soutien d’une maison d’édition semble la seule possibilité de se faire connaitre ? 

Par dépit, répondent 90 % des lecteurs et 100 % des détracteurs, éditeurs et consorts. 

Pour beaucoup, un auteur se dirige vers l’indépendance uniquement parce que son histoire est refusée pour la énième fois et que la hargne le pousse à prouver que ce texte dans lequel il croit et à déverser ses tripes et son sang n’est pas si nul que cela. 

Peut-être est-ce le cas pour certains, mais ce n’est plus la vision que l’on peut en avoir désormais. 

Le monde évolue, vite et d’une manière très aléatoire. 

Dans un premier temps, j’avoue m’être tournée vers l’auto-édition par dépit.

Je vous raconte. 

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Genèse de cette aventure personnelle

Obsessions, mon chouchou entama son parcours sur Wattpad où il remporta un petit plébiscite, minime, mais encourageant pour la romancière en herbe que je suis. Charlotte, Sean et Barnaby comptabilisaient trois cents lecteurs et un peu moins de dix mille vues, ce qui est peu, je le concède bien volontiers. Ravie de ce mini-succès, j’envoyai le texte à la maison d’édition et effaçai les chapitres publiés gratuitement sur le site. 

Commencèrent alors six mois d’attente pour finalement recevoir une réponse négative sous prétexte que l’histoire ne collait pas à la ligne éditoriale de la maison d’édition. 

OK, me suis-je dit. Le texte est nul, l’histoire est nulle, tout est nul, abandonne et passe à autre chose. 

En désespoir de cause, je réinstallai mes chouchous sur Wattpad pour les y laisser poursuivre leur route bon gré, mal gré. Au moins, ils ravissaient quelques lecteurs et je m’en portai très bien ainsi. Plus de publicité sur les groupes FB ou de « Viendez, viendez, je vous propose une comédie romantique fofolle et sans intérêt ! », plus de surveillance de l’audience, des pays visités par Obsessions, des votes ou pas votes…

Les vacances !

Pendant le même temps, « Incompatibles, mais », et « Défie-moi » trouvaient grâce auprès du comité de lecture et entraient dans la collection de la maison d’édition. Mais pas dans ma bibliothèque. 

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Je pris alors la mesure de mon choix : jamais je ne tiendrai une de mes histoires en « vrai » livre. 

Ce jour-là, la déception fut grande. 

Tout ce travail fourni s’apparentait tout à coup à du vent, à des KO (kilo-octets. Vous ne trouvez pas que cela ressemble à un uppercut bien asséné ?) enregistrés sur un disque dur, à une perte éventuelle de données, bref à des livres fantômes, sans consistance, sans réalité. 

En discutant sur le Net avec une amie auteure, décidée quant à elle à ne jamais signer avec une maison d’édition pour convenances personnelles, je découvris l’auto-édition. 

J’avoue, je ne savais même pas que cela existait, qu’Amazon, Kobo et d’autres sites permettaient ce miracle de la technologie et offraient la « mirobolance » de tenir entre ses mains son œuvre arrachée de ses entrailles par… pardon, le côté gore de l’écriture restera un secret.  

Je me lançai alors dans l’aventure, sans me douter où je mettais les pieds, si ce n’était dans un plat indigeste et proche des sables mouvants, sans imaginer les contraintes diverses et variées ou les casquettes que j’allais devoir enfiler pour arriver à mes fins. Ma collection de couvre-chefs s’agrandit de jour en jour 😀 !

Le dépit du début s’est peu à peu transformé en une émulation forte et un désir singulier de porter ce projet d’un bout à l’autre, d’endosser tous les rôles pour avoir la satisfaction de brandir mon livre sous le nez de mon chat et de crier à la face du monde (et de Facebook aussi 🙂 : c’est moi qui l’ai fait !

Je récidive donc, non pas par dépit cette fois, mais par plaisir, pour commercialiser un produit (oh oui, le vilain mot !) qui me ressemble, me convient et répond à mes attentes personnelles. Si au passage, quelques lecteurs m’accompagnent dans cette aventure, j’en suis joie. 

Je revendique désormais mon titre de romancière indépendante et très fière de l’être. Je m’enorgueillis d’exposer dans ma bibliothèque ces ouvrages ciselés de mes propres mains tel un artisan soigneux de son travail et guidé par la passion. 

Alors, chers tous, critiquer l’édition indépendante sous toutes ses formes, les plus viles aux plus miraculeuses n’entamera pas mon optimisme en la matière. 

Le monde de demain s’écrit aujourd’hui par la diversité de nos textes, par les chemins tortueux que nous empruntons, par nos errances ou nos maladresses, par nos coups de génie et notre liberté d’expression. 

Un grand merci à ceux et celles qui tentent les auteurs indépendants et ne craignent pas de s’aventurer dans des mondes parallèles en dehors des sentiers battus. 

PS : Pour les besoins de cet article, je suis retournée consulter le score de Charlie et Sean sur Wattpad. Sept chapitres et… 19 000 vues, plus de six cents nouveaux curieux ! J’suis fière d’eux 😉 

Ma vie de romancière 15 – Pardonnez-moi parce que j’ai fauté

 

5 commentaires sur “Ma vie de romancière – 14 – Au tout début

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  1. C’est justement sur Wattpad que je t’ai rencontrée ! Avec Obsessions en plus ! 😉 Tu as bien raison, l’auto-édition est l’avenir des auteurs, tout comme les maisons d’éditions. C’est beaucoup plus de boulot mais plus de liberté d’action ! Bonnes chances à toi.

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