La Belle au bois Mordant

Ne m’en veuillez pas, ce n’est pas de ma faute, l’idée a germé sans que je puisse m’en débarrasser. Les contes de fées, quelle source d’inspiration débridée.  Ce texte a été écrit à l’occasion d’un concours d’écriture érotique 🙂 

Interdit au moins de 18 ans 😉

LA BELLE AU BOIS MORDANT

Les clients font tintamarre dans l’auberge où je viens de m’arrêter pour passer la nuit ou, tout au moins, pour trouver pitance et dormir quelques heures. Arthus, mon fidèle compagnon, a lui aussi besoin d’un repos bien mérité après nos cavalcades des dernières semaines. Le découragement pèse sur mes épaules, comme mon pourpoint lourd de la pluie que nous d’affrontons depuis quelques heures.

La chaleur de la grande cheminée se répand à loisir dans mes muscles engourdis par le froid. Le vin chaud coule dans ma gorge asséchée et adoucit l’amertume de mon estomac vide. Le malheureux quignon de pain avalé hier matin ne représente plus qu’un lointain souvenir. Comme tant d’autres choses.

La joue posée sur la main, je contemple les flammèches du feu qui crépitent gaiement.

Qui aurait pu prédire que je me retrouverais ici, affamé, une dernière petite pièce de cuivre dans la bourse, un cheval famélique donné en gage pour une nuit dans une auberge où piaillent les ivrognes en mal d’aventures ?

Mon soupir de découragement se perd dans le brouhaha joyeux.

Si mon père, paix à son âme, me voyait là, déchu de mes privilèges, vagabond sans foi et peu de lois, l’épée au côté uniquement utilisée pour déterrer quelques racines, il se retournerait dans sa tombe.

Je soupire de plus belle une vague révolte à l’esprit. Je suis l’artisan de mon propre malheur et ne peut en accuser quiconque. Mon arrogance de Prince m’a détourné du droit chemin. Où je me croyais riche, jeune et beau en mon royaume, je me suis découvert insolent, imbu de ma caste et aussi peu sensé qu’un navet.

Je rumine ma déconfiture. De Prince Charmant adulé par de gentes demoiselles à qui j’ai conté fleurette et arraché sans batailler leurs roses secrètes, je me retrouve vagabond, sans maison ni patrie, sans mignonne pendue à mon cou et sans autre fortune qu’un cheval maigre, une épée rouillée et mon pourpoint malmené.

Une partie de cartes, une arrogance de seigneur et du jour au lendemain j’ai été banni de mon propre château, hué par mes sujets et méprisé par ceux qui se prosternaient à mes genoux après la mort de mon père, le Roi Siléas. Paix à son âme.

La mienne se trouve désormais vouée à l’enfer ou à quelques sombres avenirs plus malheureux encore.

— He, l’ami ! Quelle triste pensée te rend-elle si lugubre ? m’interpelle un géant roux à la barbe hirsute parsemée de copeaux de bois.

— Point tristes pensées, l’ami, mais bien déplorable sort.

— Aucune mauvaise fortune ne résiste à une bonne chope de vin !

Il rigole d’un rire gras chargé des effluves de la bière dont il avale sans coup férir un bock d’un litre en une seule goulée.

— Si tu le dis !

Il rit de mon air défaitiste et s’installe en face de moi sur le banc de bois. Je redoute que son rot à décorner un troupeau de bœufs s’embrase à la flamme de la bougie qui vacille sous le vent fétide de son haleine.

— Allons, l’ami. Un mignonnet comme toi ne peut se désespérer ainsi alors que les mâtines courent certainement à tes basques !

— Hélas, aucune ne s’y accroche. Les pères demandent bourses garnies et terres lucratives. Trouver quelques places honorables se révèle difficile sans montrer de grosses pièces d’or.

— Il est vrai que les temps changent. Autrefois, un beau minet dans ton genre cueillait les cœurs des jeunes filles sans coup férir. Désormais, les fleurs délicates et fragiles se transforment en roses aux épines cruelles, soupire l’homme, le regard perdu dans le vague.

Je hoche la tête, fort de mon expérience de Prince Charmant en exil. Après avoir cédé mon royaume sur un valet de carreau, les portes des palais voisins se sont fermées et hersées de piques. Les belles aux yeux doux, après m’avoir accordé quelques visites sous leurs jupons du temps de ma bonne fortune, se sont montrées vindicatives et arrogantes lorsque mes bourses furent vides. Moi, le Prince Charmant, recherché par les pucelles en quête d’aventures et d’anneaux au doigt, je me suis vu refoulé à la manière d’un chien galeux.

Qu’ai-je été sot de ne pas convoler en justes noces avec Anaïs ou Hélène ou Mirabelle !

Elles possédaient opulence, terres étendues, minois avenants et charmes cachés dont j’ai gouté les secrets avec hardiesse et déraison, cueillant à n’en plus finir les fleurs de leur intimité. Les donzelles ne se sont pas montrées farouches lorsqu’il s’agissait d’ouvrir les cuisses pour m’y retenir, ma couronne d’or et de diamant plus surement attrayante que ma pauvre personne.

— Serais-tu là pour te mesurer au défi ?

Mon voisin se penche par-dessus la table et plisse les yeux emplis d’avidité.

— Le défi ? Quel défi ?

— Celui que nombre de coquins relèvent depuis des années. Ne connais-tu donc pas l’histoire de la contrée où tu te trouves ? murmure-t-il, le regard à l’affut d’un ivrogne par trop curieux.

— À vrai dire les pas de mon cheval m’ont conduit ici sans que je prête attention aux alentours.

— Ainsi donc, l’aventure n’est point ce qui te mène en ce lieu ?

— Quel est ce défi ?

Je répète ma question, une sensation fébrile envahit mon l’esprit.

Un défi ? Suis-je encore capable d’en relever ?

Le dernier m’a couté ma richesse et tout ce qui constituait ma vie depuis ma naissance. J’erre désormais sans but que celui de trouver pitance en espérant des jours meilleurs.

— Celui du château maudit.

— Quel château ?

— D’où viens-tu donc étranger pour ne point connaitre cette histoire ?

Je hausse les épaules, secoue la main en désignant vaguement l’espace derrière moi.

— J’arrive de si loin que je ne sais plus tout à fait où il se situe.

Des semaines de chevauchée à travers des royaumes prospères m’ont amené dans cette contrée loin de montrer le gai visage des précédentes régions traversées au gré de mon vagabondage.

— Dans ce cas, je comprends mieux ton ignorance. Il est pourtant de notoriété publique qu’ici de valeureux souverains ont tenté leur chance.

— Des Princes ?

Je hausse un sourcil, intéressé par l’histoire que je sens poindre sur le bout de la langue de ce bavard.

— Ils ont été nombreux à s’arrêter en ce lieu avant de partir à la recherche du Grand Trésor.

— Quel trésor ?

Je me penche à mon tour vers lui, ma curiosité piquée au vif par sa mine de conspirateur.

— Ce n’est point un secret, mais peu osent encore en parler. Certains disent que de fabuleuses richesses sont cachées au cœur de la Sombre Forêt à l’est d’ici. D’après la légende, un dragon le garde jalousement et trucide quiconque tente d’approcher de son antre.

— Un dragon ?

Je retiens mon air de moquerie, dépité que l’ivrogne ne soit bien que cela. Depuis des années, les histoires de dragons sont passées de mode. Désormais, la populace se gausse de ces histoires enfantines que quelques vieilles marâtres racontent encore pour tenir leur marmaille sur le droit chemin tout comme le fit ma nourrice au temps de ma prime jeunesse.

— Ne riez point, jeune homme. Ceci n’est pas un conte à dormir debout. Nombres de galants ou coquins ont disparu mystérieusement sans que quiconque retrouve leurs os blanchis ou des effets leur ayant appartenu. Personne ne s’aventure plus dans cet endroit maudit à moins de vouloir y perdre la vie.

— Et ce Trésor ? Quel est-il ?

— Nul ne sait plus ce qu’il en est en réalité. Certains prétendent que l’abominable animal surveille sur une montagne d’or et de pierres précieuses, d’autres affirment qu’un royaume entier endormi à cause d’un sort attend son sauveur, d’autres encore assurent qu’une princesse à la beauté éblouissante se morfond en secret. On dit qu’elle se trouve si délicieuse que les hommes meurent d’amour dans la seconde en posant les yeux sur elle.

Une vague anecdote remonte à ma mémoire. Ma nourrice m’en contait les épisodes tragiques à l’époque de mes culottes courtes. Une histoire de princesse maudite par une sorcière sournoise et rancunière à propos de je ne sais quel affront. Piquée au doigt par un fuseau, la belle jeune fille s’était endormie et nulle n’avait pu la réveiller.

Mais cette légende à dormir debout date des siècles passés.

Je ne souhaite pas offenser celui qui commande d’un geste autoritaire ripailles et beuveries à l’aubergiste. Ce soir, mon estomac se satisfera d’une nourriture grasse, ma panse se gonflera d’une bonne bière blonde. Si la petite servante se montre coquine, mes bras se garniront pour la nuit et mes bourses se videront sans cordon délié.

— Raconte-moi, l’ami ! dis-je d’un ton d’amabilité.

Si prêter l’oreille à des sornettes représente un sacrifice, je les tendrai toutes les deux pour profiter des bienfaits qui s’étalent devant nous en quelques minutes.

***

— Arthus !

Je grogne, irrité par l’arrêt brutal de ma monture. Ma tête tient à peine sur mes épaules. Mon estomac ivre des excès de la veille m’alourdit tant que je pèse plus que mon cheval requinqué par une nuit de repos sur une litière fraîche. Ce matin, il montre un entrain que je ne possède pas.

Réveillé de mon apathie, j’observe les environs, étonné de ne plus reconnaitre la route sur laquelle je chevauche depuis une heure. Le long sillon herbu marqué par les ornières des chariots marchands s’est transformé en sentier rocailleux envahi d’épineux agressifs.

— Qu’as-tu fait ?

Je gronde mon cheval, découragé par la futaie sombre et rébarbative qui se dresse devant nous. Les ronces infestent le sous-bois aux arbustes chétifs serrés à la manière des soldats d’une armée barbare.

Les propos de mon compagnon de beuverie émergent sous mon crâne endolori par mes excès d’alcool. Les vapeurs de la bière et de cette chose à vous bruler la gorge dont il m’a abreuvé plus que de raison remontent en un rôt malséant entre mes lèvres sèches. Je me sens vide, lourd, lent et incapable de battre un dragon, même au jeu des devinettes où pourtant je fus le champion nombre de fois lors des joutes organisées par mon père.

Je soupire et talonne Arthus pour l’inciter à rebrousser chemin.

Il renâcle, tire sur la bride de toute sa force d’ancien étalon princier.

— Ne me dis pas que tu veux que nous allions par-là ?

Il encense d’un coup sec qui, si je n’y avais pas pris garde, m’envoyait cul par-dessus tête.

— Soit raisonnable Arthus, tu vois bien qu’il n’y a là que désolation et sombre destin. D’autres s’y sont commis et pas même leurs os n’ont été retrouvés. Tiens-tu donc à terminer en repas pour un dragon affamé ? Plus personne ne s’aventure ici depuis tant d’années que ce bon Castard n’en avait pas gardé le compte. Allons trainer nos guêtres en des lieux plus souriants et hospitaliers. Ceux-ci ne me disent rien qui vaille.

Arthus crachote son mécontentement et tire une nouvelle fois sur la bride. D’un pas décidé, il pénètre dans le roncier sans que je puisse le convaincre de reprendre notre route.

— He ! Malandrin ! Es-tu donc plus borné qu’un âne ?

Malgré mes manœuvres et admonestations, il n’en fait qu’à sa tête et refuse de m’obéir.

Les ronces agrippent mon pourpoint, s’enroulent si fort que j’ai peine à tenir en selle. À coup d’épée, je me dégage tant bien que mal le chemin que ma bourrique de cheval ne cesse d’emprunter malgré mes exhortations et menaces en tout genre.

Tout à coup, une clairière s’ouvre devant nous. Inattendue autant que l’étrange construction dressée en son centre.

— Voilà bien un château qui ne mérite pas que l’on finisse dévoré ou déchiqueté, me dis-je, déçu par cette minable bâtisse de planches guère plus grande qu’un cabinet d’aisances.

Arhus se gave de l’herbe grasse brandillant sous le souffle d’une petite brise aux effluves fleuris. Je détaille la pauvre masure, observe les environs, curieux tout à coup d’en découvrir plus sur cette insolite construction. Je mets pied à terre à quelques pas du seuil garni d’une large ardoise noire.

— Ne bouge pas, dis-je à Arthus dont les naseaux se perdent dans la verdure ondoyante.

Il ne bronche pas ni ne fait mine de m’entendre.

L’épée à la main, je m’aventure vers le battant de bois sombre. La gueule de dragon en marteau de bronze semble irréelle sur cette loque de porte. Je souris bien malgré moi, amusé qu’une figuration mythique crée des légendes dans l’esprit des hommes.

Dois-je frapper ou m’inviter sans plus de manière ?

Du pommeau de mon arme, je cogne trois fois sur les planches disjointes. Par prudence, j’évite le heurtoir à l’effigie du monstre. Je ne crois pas aux enchantements, mais l’expérience m’a appris la méfiance.

Je pousse la porte entrouverte par mes coups. Il y fait plus noir que dans un four dans cette cabane abandonnée. J’hésite et avance d’un pas. En moins d’une seconde, je me trouve happé par l’obscurité ambiante. Un souffle brulant m’effleure, un sourd grondement envahit mes oreilles, tandis qu’une pointe de douleur vive se fiche dans mon bras. Je hurle, frappe cette chose inconnue et terrifiante. Le dragon s’invite immédiatement dans mon esprit habité par la frayeur. Je bataille avec démesure et assène des coups d’épée à l’invisible adversaire. La porte claque dans mon dos. L’obscurité de charge d’une nouvelle vibration et, soudain, une lumière éblouissante flamboie dans les ténèbres et embrase l’impensable.

Figé sur place par la surprise, je découvre mon ennemi. Une liane. Une simple plante sinueuse aux épines aiguës et que je crains venimeuses. Une vision irréelle s’offre à mon regard ébahi, un charme si puissant qu’il ne peut être qu’un rêve se déploie face à moi ; une secousse de mon imagination imbibée des agapes de la veille transforme le décor.

Sous mes yeux éblouis, la petite cabane de bois se métamorphose. Un hall immense et si haut de plafond que j’en perçois à peine les confins resplendissants de richesses se dresse devant moi. L’or, l’argent, la soie, les étoffes somptueuses aux couleurs chamarrées habillent les murs de pierres blanches.

Tout à coup, un escalier se dessine marche par marche m’invitant à gravir ce chemin inconnu. Aucun doute, je rêve ou suis mort. J’opte pour le charme parce que mon cœur bat à se rompre dans ma poitrine oppressée. Chaque degré me guide vers le sommet de cet édifice majestueux. Jamais je n’ai vu une telle magnificence, autant de beauté et de fortunes au cours de mes voyages.

Un couloir colossal au point qu’il faudrait vingt hommes pour l’interdire d’un bord à l’autre s’étend devant moi. Le tapis d’or à son tour se déroule sous mes pieds, me conduit vers une porte monumentale de bois incrustée d’argent et de pierres précieuses. Une seule d’entre elles et je redeviendrais riche, mais la curiosité me pousse à poursuivre mon exploration.

Sans même un geste de ma part, les deux battants dans un souffle éthéré s’ouvrent en grand. La blancheur des voiles en perpétuel mouvement m’éblouit. Ils volètent sous une brise venue de je ne sais où. Des plantes luxuriantes grimpent sur les murs, des oiseaux pépient de petites ritournelles enjôleuses. Et là, au milieu de cette chambre de verdure, un somptueux lit se dresse et les piliers de son baldaquin se perdent vers le ciel apparent sous un dôme de verre.

Enchanteur.

Je n’ai plus de mot, de pensée face à la créature reposant sur le drap d’or. Irréelle, évanescente elle s’apparente à un ange.

La légende racontée par ma nourrice posséderait-elle un fond de vérité ?

Je m’approche à pas comptés afin de me persuader de l’authenticité de cette vision. J’admire la beauté dénudée par des voiles si fins que la silhouette parfaite se dessine en courbes douces, en ombres et lumières d’une délicatesse vaporeuse. Je sens l’émotion me saisir autant que mon corps réagir à cette poitrine voluptueuse aux pointes dressées sous la transparence de l’habit. Mon regard effleure chaque parcelle de cette apparition, se perd à découvrir ses secrets. Je doute d’être encore vivant face à tant de magnificence provocante. Le sang bat tambour dans mes veines, mon bas-ventre s’échauffe d’un vigoureux désir que je réfrène en ânonnant des semonces de prudence.

Je suis un galant homme, un Prince Charmant, non un soudard prêt à se jeter sur un mets aussi appétissant.

En réalité, ma propre identité disparait, engloutie par l’attirance des sens, par la fascination de plus en plus puissante de la contempler jusqu’à la fin des temps. Une force invisible me pousse à m’approcher, à m’agenouiller contre le lit, dévotement.

Que faire pour réveiller cette magnifique endormie ?

Sa poitrine se soulève de son infime souffle de vie. J’avance la main, la respiration retenue, désireux de toucher la douceur de sa peau, sa chaleur voluptueuse. Un frisson court dans mon dos lorsque mes doigts perçoivent les battements de son cœur.

Lent, régulier, vivant.

— Et maintenant ?

Ma voix résonne étrangement dans le silence de la chambre. Les oiseaux se sont tus, la brise s’est apaisée. Seules les pulsations de nos cœurs murmurent à l’unisson et m’entrainent à en sentir la fougue ardente réveillée par la passion.

Je caresse sa joue et m’enivre de son velours. Mes doigts me picotent d’une impatience sauvage. Je voudrais la choyer à l’infini, la ramener à la vie grâce à mes baisers, à mon désir fou de la prendre. Je suis tendu, dur comme du roc, effrayé par ce désir de possession diabolique, et mes sens en ébullition me tiraillent de toute part.

La bouche dessinée en cœur expire un soupir en réponse à l’effleurement sur son cou gracile.

Est-ce la solution ? me dis-je émerveillé de la sentir palpiter sous mes caresses.

Et sous mes lèvres ?

Je ne peux réfréner mon attente. Mes mains, malgré moi, s’invitent sur sa poitrine. Mes doigts titillent les pointes tendues de ses seins. Je m’extasie de la pulsation soudaine de son souffle, de cette cambrure indolente de son dos, du gémissement sourd exhalé en continu.

Ai-je le pouvoir de la réveiller ?

Je poursuis ma route sur son giron, me délecte du frisson qui nait sous mes paumes. J’écarte résolument les voiles pour toucher le velouté sensuel de son corps. Jamais peau ne s’est montré plus douce, plus blanche, plus parfaite, plus réceptive.

Je glisse sur ses hanches, hoquète de l’ondulation qui répond à ma caresse exploratrice, vague de flux et de reflux en résonnance dans mes chausses. Chacune de ses pulsations m’enivre un peu plus. Son parfum vaporeux s’alourdit de l’odeur particulière que seul un sexe en émoi exhale sans retenue. Je veux la parcourir et la découvrir avec mesure jusqu’à l’outrance. Ma main s’insère entre ses cuisses d’une blancheur diaphane. Je m’émeus jusqu’aux larmes de la palpitation frémissante de ses nymphes douces et captivantes. Je les réchauffe d’attentions studieuses, dévoile son bourgeon endormi. Je me fais fort de le réveiller. Du pouce, je l’effleure d’un va-et-vient éthéré. D’un doigt, je me glisse en sa chaleur, ravi de sentir la trémulation de ses chairs, la délicatesse de son humidité, l’étroitesse de son innocence.

Cela se révèle d’une telle puissance que plus rien ne m’arrête.

Je veux tout posséder d’elle.

Mes doigts explorent sans retenue son intimité. Ma bouche honore les pointes de ses seins dressées en guerriers farouches. Elle ondule sous ma langue, sous mes assauts intrépides. Je me transforme en bouillon ardent. Mon glaive s’érige et se gonfle d’une fureur prête à pourfendre le dragon de son sommeil et la contraindre à renaitre à la vie.

Je n’en peux plus !

Je me relève, haletant, ivre d’impatience. Pourpoint, culottes, bottes, j’arrache tout ce qui m’isole d’elle.

Son visage exprime son émotion, je le vois. Ses joues rosissent, ses lèvres s’entrouvrent, laissent filer le gémissement que mes mains et ma bouche provoquent par la hardiesse que je mets à la réveiller. Je me grise de l’odeur sucrée de son sexe. Je lèche à grands coups de langue ce nectar divin qu’elle m’accorde en coulées savoureuses. Pour accéder au passage de son secret, j’écarte ses cuisses, fébrile, impatient, le sang en bouillon dans mes veines.

J’hésite une courte seconde, contemple son visage extasié.

Plus rien ne me retient.

Lentement, je pousse la porte de son intimité, gémit de son étroitesse, de sa douceur, de sa tiédeur suintante et accueillante. Jamais je n’ai brandi mon glaive avec autant de fierté et d’ardeur. L’étendard de ma passion se déploie à l’infini, tandis qu’elle se cabre, gémit, s’ouvre pour me recevoir en grand à chaque coup de reins qui me porte vers son paradis mystérieux. C’est d’une telle puissance que je me perds en elle, encore, encore, encore et encore, jusqu’aux confins de mon épuisement. Elle me dévore de l’intérieur, me force à toujours plus, m’incite à connaitre le plaisir suprême de sa jouissance.

Je n’en peux plus de bonheur, les yeux rivés sur les lèvres qui expulsent ses râles.

Je n’en peux plus de passion, m’abandonne, capitule le premier et jette mon jus par des convulsions d’une perfection divine.

Mon cœur éclate de battements échevelés. Mon corps se tend en un dernier soubresaut pour un ultime présent à sa féminité. Je m’écroule sur elle, caresse ses hanches rondes, son ventre, ses seins durcis par notre communion. Je goutte enfin à sa bouche d’un enivrant baiser reconnaissant.

Ses lèvres s’animent sous les miennes. Un tremblement répond à mon embrassade, se déploie au plus profond de ses chairs émotives où je me trouve encore niché.

Délicatement, ses paupières battent comme des papillons, ses prunelles d’un bleu azuréen s’éclairent de lumière.

Tout à coup, je me sens honteux. Honteux d’avoir profité de son sommeil, d’avoir violé son intimité, d’avoir été un soudard, un rustre, un infâme individu.

— Bonjour vous, exhale-t-elle d’une voix rauque aux accents d’une sensualité diabolique.

Je souris faiblement, embarrassé d’être en elle, d’éprouver la morsure du remords.

Elle ondule sous moi, glousse avant de se cabrer, de m’avaler en grand.

— Hum… soupire-t-elle de ce que je pourrais imaginer être du plaisir. C’est bon, me regarde-t-elle dans les yeux.

Je suis ébloui, émerveillé, excité de sentir pulser mon désir plus fort que jamais.

— Hum… enserre-t-elle ma taille de ses jambes comme un étau.

— Hum… me repousse-t-elle des deux mains sur le lit.

— Hum… gémit-elle, dressée au-dessus de moi.

Elle ondule, roule des hanches, s’abandonne à la découverte de ma puissance.

— Huuummmmm ! s’empale-t-elle à coups de reins plus vifs de seconde en seconde.

Elle se cabre, caracole comme une pouliche sauvage, me monte et fait de moi un étalon fougueux et ardent.

— Huuuummmmm ! expulsons-nous dans la même seconde nos râles de plaisir.

Elle me dévisage, une grimace à peine dessinée sur ses lèvres pulpeuses.

Elle est si belle que je m’émerveille d’un tel miracle.

Un sourire s’étire lentement et dévoile sa denture blanche et parfaite.

— J’ai faim, murmure-t-elle d’un ton aguicheur. Soudain, j’entraperçois ses canines tandis qu’elle se jette sur moi.

— Hum… mord-elle ma jugulaire à pleine bouche.

Je sens ses crocs s’enfoncer profondément mon cou, mon sang aspiré par sa bouche goulue, ma vie s’éteindre dans son étreinte passionnée.

POURQUOI MA NOURRICE M’A-T-ELLE LAISSE M’ENDORMIR AVANT LA FIN DE L’HISTOIRE ?

Moralité : 

Toujours écouter les bavardes et ne pas s’endormir avant la fin de leurs histoires. 

Peut-être vous dévoilent-elles des secrets inconnus ! 

 

 

4 commentaires sur “La Belle au bois Mordant

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