Tout est une question de courant

Que ne ferait-on pas à la gloire de la fée érotique 🙂 

Toute ressemblance avec une entreprise connue est purement fortuite, sans fondement et déplorée. 

Je lisse ma robe sur mes cuisses, regarde l’entrée de verre où je vais une fois de plus m’engouffrer.

Vendredi.

Ultime jour de la semaine pour les employés d’EDF, Érotiques Diableries et Fantaisies.

Premier fabricant de jouets pour adultes dans cette partie-ci du monde. Du luxe, de la qualité, un savoir-faire dont s’enorgueillit notre direction. Une maîtrise au cordeau inégalable.

Ne représentons-nous pas le pays du romantisme, du Lido, du Moulin Rouge, de Madame Claude et de Félix Faure ?

Un dernier coup d’œil à ma tenue, une petite chiquenaude à ma robe pour en lisser le pli et me voici partie à l’assaut de cet antre dédié aux plaisirs de la chair.

Vendredi.

Jour béni du « sans ».

Sans cravate, sans veste, sans chemise, sans pantalon, sans culotte pour les plus aventureux. Le jour où les dérives en tous genres deviennent source de plaisir ou parfois de conflits rapidement réglés grâce à une politique d’entreprise singulière.

La direction encourage les échanges de tous bords à la manière des Bononos.

Une divergence sur le fond ou la forme et un rapport sexuel solutionne le problème aussitôt écarté tout comme les cuisses de ces dames heureuses d’y trouver un générateur de satisfaction.

Ici, tout est permis, voire chaudement recommandé.

Au huitième étage, la direction s’octroie elle aussi quelques libertés libertines et ne peut guère réprouver des comportements déviants qu’elle s’accorde de toutes les manières possibles et imaginables. Les inconcevables, ils les rendent envisageables par leur recherche perpétuelle du gain de productivité. La satisfaction des employés passe avant tout. Depuis l’instauration du non-conformisme dans l’entreprise, le personnel se montre plus performant, réactif, conciliant et docile. Rien ne les rebute si vous leur permettez d’assouvir leurs désirs confessés ou non avoués.

Ici, tout n’est qu’une question d’efficacité, de tests, d’essais, d’études documentées ou d’investigations intimes destinées à survolter la machine EDF.

Les courants de « pensées » se diversifient dans cette ruche en suractivité où la compétition est portée aux nues, poussée dans ses retranchements les plus profonds.

Les « fondamentalistes » prônent la recherche en douceur et les découvertes sensuelles sans autre matériel que ses propres outils consciencieusement entretenus et vérifiés pour un rendement maximum. La galanterie prévaut, et les bureaux aux portes fermés dissimulent les coïts savamment orchestrés. Les cris sont retenus, les gestes ou les postures s’apparentent aux planches d’une encyclopédie sur la bienséance dans l’acte sexuel. La levrette constitue la seule fantaisie qu’ils s’accordent, teintée de quelques dérivés guère plus coquins que le 69. L’ambition des deux partenaires s’exprime par une simple vérification d’une compatibilité ou d’un bon entretien du matériel ou sa lubrification « coïtale » afin de conserver la jeunesse de ses organes génitaux.

Les « découvreurs » s’aventurent dans des mondes sous haute tension, orgasmiques et régentés par la communauté des biens. La multi pluralité des collaborateurs permet une recherche approfondie concernant les meilleures positions à adopter, les attitudes à avoir afin d’affirmer sa domination de mâle Alpha ou sa soumission de femelle obéissante. Cris et ébats désordonnés sont en réalité orchestrés avec doigté, soin et méthode. Rien n’est laissé au hasard. Pour gérer sa carrière et obtenir une promotion plus rapide, rien de tel que de mettre en compétition les décideurs ou d’évaluer leur docilité. Ils ne dédaignent pas d’utiliser les outils EDF pour se donner le temps de recharger leurs batteries lorsque les échanges se transforment en marathons ou que la baisse d’activités multiples s’avère contreproductive.

Les « testeurs » représentent le clan des hédonistes. Point de plaisir sans matériel. Ils expérimentent à n’en plus finir les fabrications maison, contrôlent, testent, émettent des rapports profondément documentés pour maintenir la qualité à 100 % de contentement. Si l’indice tombe à 88 %, l’outillage est aussitôt écarté du catalogue de vente pour être repensé par les ingénieurs. Depuis qu’un bulletin mensuel quantifie le nombre d’orgasmes des partenaires, leur qualité intrinsèque ou la facilité d’utilisation des outils en démonstration, le degré de satisfaction des acheteurs a grimpé de 3 étoiles à 4 étoiles et demi. Tout le monde se frotte les mains à EDF. L’énergie déployée à expérimenter grandeur nature les innovations conçues par le bureau « création » constitue un must que peu d’entreprises peuvent se targuer de posséder. Quant à lui, le cout en piles a explosé exponentiellement.

Les « Egocentriques » rassemblent ceux et celles qui prônent le maintien dans sa caste. Pas de mélange, pas d’exploration vers l’autre sexe quelques soient les invitations brandies. Les toilettes restent leur terrain de prédilection pour une parfaite coordination de leurs exposés. Des purs et durs d’EDF. Les dérivations sont interdites et les délestages illégaux sont fortement réprouvés.

À l’inverse, les « Explorateurs » des chercheurs passionnés fondent la base inflexible en quête des secrets les plus sombres du plaisir. Les gouffres sans fond ne les effraient pas ni les démonstrations en tous genres concernant l’emploi du nœud de la chaise ou du nœud coulant double. Ils travaillent en grande partie dans les bureaux de la conception. Leur salle de conférence ressemble à une exposition à la gloire des attaches, des cravaches et compagnies, des tables de tortures, balancelles, barres de suspension et autres. Côté sportif, rien à leur reprocher. Depuis l’installation du « donjon », leur équipe de basket remporte, haut la main, les tournois inter-entreprises de la chambre des métiers du département. Ils tirent avec tant de virtuosité, que l’émotion vibre intensément dans les rangs des supporters féminines. Une publicité gratuite pour EDF. Les pétages de plombs à répétition sont pardonnés sans que personne n’ait à redire tant ils vont au charbon avec enthousiasme sans un regard au compteur.

Les « Tous venants » composent la dernière ligne, tous ceux n’entrant pas dans une catégorie tant ils montrent peu d’aptitudes courantes ou d’appétits prononcés pour les différents genres. Ils vagabondent d’un style à l’autre sans se décider sur une approche clairement définie du plaisir. Lapin chaud caractérise cet archétype parfait. Ne pas confondre notre directeur des relations humaines avec un chaud lapin. Il ressemble à un vulgaire cuniculus. À la moindre sollicitation, il devient aussi rouge qu’une diode prête à exploser et son piston s’essouffle en moins de trois minutes. Il se montre rapide lors des entretiens d’embauche, mais atteint difficilement les sept minutes et vingt-trois secondes que les études sérieuses avancent à grand renfort de thèses documentées et qui demeurent un minimum requis dans le temple de la fornication recommandée.

Et moi dans tout ça ?

Je me présente : Sœur Marie-Thérèse de la Rédemption, chargée par le conseil d’administration et par la congrégation des Sœurs de la Miséricorde d’aider les brebis égarées à trouver leur voie et maintenir une certaine dignité à la réputation d’EDF.

Il n’y a aucun doute pour moi, les voies du Seigneur restent impénétrables !

5 commentaires sur “Tout est une question de courant

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