Ma vie de romancière – 15 – Pardonnez-moi parce que j’ai fauté

Pardonnez-moi parce que j’ai fauté. 

Sur les réseaux sociaux et les groupes que je suis, le débat revient régulièrement et se termine souvent en pugilat. 

Les fautes sont-elles admissibles dans un livre ? 

Je répondrai non, mais l’erreur reste humaine et franchement, si quelques fautes trainent dans un texte, cela me dérange moins que des coquilles dans mon omelette qui, elles, peuvent provoquer de véritables désastres sur mes petits intestins fragiles. Certains crient au scandale, lapident les pauvres auteurs fautifs, leur vouent un mépris éternel et ne se privent pas de les démolir à bras raccourcis. 

Leur argument ? 

« Ce bouquin est bourré de fautes ! »

Bourré de fautes ? 

Chat_sans_fautes

Je m’attends toujours à voir des fautes à chaque ligne, des fautes tellement visibles qu’elles me sautent au visage, des fautes extrêmement grossières que cela pue l’arnaque ou la mauvaise traduction Google. 

Parfois, je n’en détecte aucune ou quelques erreurs d’accord, ou une virgule mal à propos, ou une absence de lettre ou d’un mot. 

Souvent, l’argument avancé par les lecteurs pour ne pas ouvrir un livre auto-édité est celui des fautes, nombreuses, dérangeantes pour la lecture, inadmissibles, horreur et damnation…

Je ne les contredirai pas sur ce point, mais ne mettons pas tout le monde dans le même panier. Amazon et les autres sites marchands offrent la possibilité de feuilleter les premières pages des e-books, des extraits conséquents permettant de se faire une idée de l’histoire, de l’écriture de l’auteur, de la présence ou non de fautes. J’en ai lu, comme vous tous. Et j’en lirai encore, comme nous tous.

Aparté : Pour l’avoir expérimenté dernièrement, un paragraphe sans fautes s’est trouvé publié par KDP avec deux fautes absentes du document d’origine, sans que je détermine qui ou quoi avait joué au petit malin dans mon dos. Or, j’avoue que relire la version KDP sur le site est extrêmement fastidieux et fatigant. Je corrige malgré tout, toutes celles que l’on veut bien me signaler, gentiment ou avec agressivité. 🙂

Vous me direz :

Il suffit d’engager un correcteur pour que le problème soit résolu. 

Si la solution se révélait aussi simple, tout le monde se précipiterait chez un correcteur, débourserait une petite fortune pour que le texte soit épuré, tamisé, trifouillé de fond en comble. Sauf que trouver un correcteur digne de ce nom, véritablement un professionnel qui dégomme les fautes d’un tir entre les deux accents n’est pas si aisée. 

Qui me certifie que ce monsieur ou cette madame possèdent réellement les compétences recherchées ? 

Même des livres publiés par des maisons d’édition avec pignon sur rue n’échappent pas à la règle du « Zéro faute ». La preuve, j’en ai un exemple personnel à vous soumettre. 

Je me suis amusée à passer mon premier roman édité par Antidote, un aide assez performant, surtout pour les répétitions, des accords, des erreurs grammaticales et tout le tintouin. 

Voici le résultat pour un petit extrait du texte du BAD (Bon à diffuser) :

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À ma décharge, je débutais, je ne connaissais pas grand-chose à l’écriture, mon orthographe et ma grammaire laissaient à désirer et je faisais une totale confiance à la correctrice. Hélas, je ne peux pas certifier que ces fautes ont été corrigées par la suite, parce que je n’ai pas le livre au format e-book. 

Dernier exemple en date qui a provoqué ma réflexion en la matière, une capture d’écran d’un livre sur un groupe FB.

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À peine l’extrait publié, des bienveillants ont accusés l’auto-édition, expliquant que c’était « récurrent » dans ce domaine. Cependant, la lectrice précisa la source de cet extrait, un livre publié par une grande ME (que je ne citerai pas, je tiens à ma tranquillité) !

J’avoue en être restée éberluée, la tasse à café à quelques centimètres de la bouche et la bave aux lèvres après avoir subi un choc neuronal d’une puissance de trois mégatonnes. 

Comment une ME de cet acabit pouvait-elle publiée ce texte ? 

L’explication vint plus tard et me sidéra :

Il semblait que le parti pris par la ME était de garder dans « son jus » les échanges virtuels entre deux adolescents et que les messages, le journal intime… soient à l’image de leur rédacteur. Donc, les fautes volontaires, puisqu’il semblait que cela soit le cas, restaient. 

J’en suis venue à me dire que si j’écrivais à la première personne, je pouvais m’autoriser toutes les fautes que je voulais et que cela m’éviterait des heures, des jours et des semaines de corrections fastidieuses. Il me suffirait à la rigueur d’avertir le lecteur de ce postulat délibérément choisi. 

Imaginez lire à la première page de mes bouquins :

« Étant donné que ce récit est écrit à la première personne, les fautes d’orthographe, grammaticale, de syntaxe et les nombreuses répétitions sont volontaires pour garder au personnage toute son authenticité ! »

Alors avant de tirer à boulet rouge sur les auteurs-indépendants, ceux qui tentent autant que possible de vous offrir un produit de qualité, voyez ce qui est réellement important dans un livre. Les quelques fautes d’orthographe que beaucoup ne soupçonneront pas ou le récit ?

Je préfère de loin m’attacher à l’histoire qu’à la forme du texte. Cependant, et je le crie haut et fort, tous les auteurs doivent faire leur maximum pour publier des textes aussi sains que possibles, débarrassés de toutes c’est fotes dévalaurizante :). Je ne cautionne en aucune manière les bouquins balancés sur le net sans une correction minimale.

Ma vie de romancière 16 – Question de fente

11 commentaires sur “Ma vie de romancière – 15 – Pardonnez-moi parce que j’ai fauté

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  1. Je suis d’accord sur ton texte, mais parfois le mot manquant complique la lecture. Et je n’accuse pas l’auteur, plutôt je m’interroge comment est réalisé le texte qui arrive jusqu’a moi. Et, oui, les fautes ne sont pas péché mortel. 😉

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  2. A l’époque, les grands écrivains en faisaient des fautes et ça ne gênait personne pour les lire. Mieux encore, certains d’entre eux sont devenus incontournables pour la littérature française. Aujourd’hui, ils seraient lapidés sur la place publique pour avoir oublié une lettre ou mal orthographier un mot.

    Aimé par 1 personne

  3. Moi je vote pour que l’Académie française autorise les fautes, et ce pour les mêmes raisons que celles édictées pour la réforme de l’ortografe. Y’a pas de raison, zut 😀

    (évidemment je rigole, le fait qu’étymologiquement ça va mettre un beau bordel ne me rempli pas d’un bonheur aussi expressif ^^’)

    Aimé par 2 personnes

    1. Je suis d’accord avec toi. L’éthymologie a son importance et c’est bien dommage qu’on ne l’apprenne pas plus à nos gosses. Pour la réforme, certaines choses ne me dérange pas, comme les accents chapeau, inutiles pour la compréhension pour certains. Mais pour d’autres mots, je ne suis pas pour. On appauvrit notre langue en l’élaguant de la sorte.

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