Petit texte : Le labyrinthe oulipi-quoi ?

Voici un texte issu d’un défi relevé sur une plate-forme d’écriture dans le cadre de contraintes oulipido sur le thème du labyrinthe de l’alphabet.

Qu’est ce que l’oulipido  ?

Je vous laisse la définition Wikipédia :

L’Ouvroir de littérature potentielle, généralement désigné par son acronyme OuLiPo (ou Oulipo), est un groupe international de littéraires de mathématiciens se définissant comme des « rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir. 

Cela vous parle ?

images.jpeg

Le labyrinthe

Non, mais c’n’est pas vrai ? C’est quoi cette idée de fou ?

L’oulipi… quoi ?

Je n’y comprends rien à ce truc et je dois pondre un article pour en présenter le principe. C’est pire qu’un labyrinthe où j’ai peur de me perdre pendant des heures sans trouver une seule issue de secours ou une issue tout court.

Qu’est-ce donc que cette doctrine ?

J’ose un pas prudent, circonspect, regarde autour de moi avec méfiante ce chemin semé d’embuches, de buches ou de bucher où je pourrais bien périr d’avoir été jugée hérétique aux mots.

Sont-ils des Grands Inquisiteurs du verbe ? Ou de simples flagorneurs de la torture des mots ?

Ils se prétendent Triathélettres ?

Qu’est-ce donc que cette engeance peu engageante, engagée dans un engrenage de ménagerie linguistique ?

Je m’aventure dans ce dédale incompréhensible, tente, tant bien que mal, de ne pas y perdre mes plumes. Perdre sa plume pour un écrivaillon est comme perdre ses lettres pour un alphabet analphabète.

Le O ressemble à s’y méprendre à un gouffre fermé où les mots tournent à plein régime et finissent en charpie. Il n’engage pas à s’engager dans ces circonvolutions rondes où j’ai peur de perdre ma raison à tournebouler dans un sens ou dans l’autre sans plus savoir quel est le bon sens de ce mot. Je ne tourne déjà plus rond, devenir carré deviendrait une figure de style aux angles aigus, rêches et piquants digne d’un critique aigre et racorni, sclérosé par les enchainements de ses mots sans suite.

Le U semble plus inoffensif, une cuvette profonde où malgré tout, avec une échelle de mots il doit être possible de se hisser à la hauteur voulue pour repérer la ligne directrice de ses lignes capricieuses.

Le L est une barrière, mais pourrait devenir d’un coup de trait, une issue à ce labyrinthe sans issue. N’y a-t-il point dans le coin un E à qui je pourrais arracher les barres pour les greffer sur mon L et en faire une E-ch-L ? Un accent ou deux de plus, qu’ils soient graves ou aigus devrait suffire à me hisser hors de ces murs de l’incompréhension ardue. Qu’il soit circonflexe et je serais bien perplexe. Je ne saurais qu’en faire à part un parapluie pour m’abriter en cas de jets de points et de virgules, jaloux de ne pas participer à l’aventure. Si l’apostrophe me crie dessus, d’un coup de circonflexe je le trancherais en strophe et nous n’en parlerons plus.

Et voilà ! Je me suis égarée ! De droite ou de gauche je ne sais plus de quel côté penche la barre de mon… Zut ! Il n’y a même pas de T ? Ce tremplin favorable à l’ascension de mes idées vers le sommet de cet édifice fermé où les couloirs se croisent et se décroissent autant que les feuilles se froissent sous mes mains agacées par tant de déraison.

Mon Dieu ! J’aurais bien besoin d’un fil pour relier mes pensées entre elles, les attacher à la raison au lieu de les laisser filer sans retenue et finir dans un cul de basse-fosse ou un de ces endroits secrets où seuls des mots enchantés peuvent ouvrir la porte aux idées reçues pour les chasser ailleurs et ne plus revenir. Interdit ? Mais qu’est-ce donc cette dictature de ne pouvoir utiliser un sésame ou deux en graines de petit-poucet pour retrouver mon chemin.

Je tourne en rond !

Ah, le i me parait plus engageant. I comme Icare, c’est de circonstance en l’occurrence. Je m’imagine comme lui, planter ma plume dans mon dos pour me tirer de là à tire d’lettres. Mon Dieu, ils sont trois ! Nous voilà bien. Plus de parité dans ce tire d’lettres et mettre les points sur les i risquent de nous pomper de l’i-nergie. Un i de trop et l’équilibre est rompu ! Comment stabiliser cet édifice bancal ? Je risque de tanguer, rouler hors de ces murs, ou pire m’écraser dans un enchevêtrement de mots récalcitrants, mécontents d’être malmenés par ma plume de débutant.

Je poursuis mon chemin à la recherche d’une quelconque sortie qu’un simple S pourrait indiquer. Ou n’est-il pas ce sournois serpent sensé me s-ensurer, pour que de sensé mon discours soit stupide au point d’être supprimé sans sommation pour suspicion de sottise ?

Seigneur ! Une aide divine serait la bienvenue, un miracle ou un oracle, un sphinx et sa question, un Ali-baba et ses quarante voleurs, Aladin et son génie, une clé tout simplement pour ouvrir la voie à ma compréhension dans mon cerveau transformé en labyrinthe crétois. Ou crétin.

P, P, P ? Que pourrais-je bien en faire ?

Mon cerveau chauffe, pétarade, expulse quelques gaz dignes d’un pet de taureau. Je m’imagine un pet si gros qu’il me propulsera par-dessus les parois vertigineuses de cet embrouillamini de mots et de maux, mes flatulences cérébrales aussi nauséabondes que les gaz d’échappement dont je rêve emplir de P ce réseau de fous où je me suis perdue par inadvertance.

Ah ! Je suis trop fatiguée ! Je me couche là, en rond dans la boucle du d que je préfère au q. Il est doux, douillet et délicieusement décousu dans ce chapelet de lettres pour que je m’y sente dégagée de toutes responsabilités en cas de défaite.

Les dés en sont jetés.

Demain, je tenterais une nouvelle démarche pour me sortir de ce dédale.

Au lieu de tisser des mots, peut-être vais-je me mettre au tricot et d’un fil d’Ariane transformer les lettres en éphémères sons que je graverais sur un disque pour le lancer sur l’horizon et me débarrasser ainsi de cette corvée de saucisson.

(Ah, l’andouille de Guemené est une succession de boyaux embossés les uns par-dessus les autres ? Déroulés voilà bien un fil d’Ariane auquel je n’avais pas pensé !)

 

Laisser un commentaire

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑