Ma vie de romancière – 7 – Correction mon amour

Correction, mon amour

Un pan non négligeable du travail de romancière auto-éditée consiste à corriger son texte.

Misère de misère !

Au tout début – ignorante que je suis –, il me semblait ne perpétrer aucune maladresse à l’égard de l’orthographe, la syntaxe, la grammaire et autres éléments constituants notre belle langue non moins capricieuse, délicate et d’un emploi difficile pour tous ceux qui ne sont pas des artisans ou artistes du genre.

Très vite, l’enchantement devient un gouffre de désillusions.

Autant certains manient la langue, l’écrivent, la transcrivent avec une facilité déconcertante, autant d’autres, dont je fais partie, commettent des impairs et des crimes de lèse-majesté sans même s’en rendre compte ou n’y prennent pas garde (ce qui là, relève carrément du suicide littéraire).

L’avantage d’être publiée en maison d’édition est d’oublier ce pan primordial de l’écriture et d’abandonner avec allégresse la chasse à la virgule et aux points d’exclamation à d’autres plus habiles à traquer les parasites divers et variés.

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Depuis mon entrée dans le monde de l’auto-édition, le bouleversement croît de jour en jour.

Toute à la joie d’avoir pondu un texte de quelques centaines de milliers de mots, l’euphorie ou l’ivresse du succès à l’esprit, des idées de richesse et de grands voyages et de beaux-gosses et de critiques dithyrambiques plein la tête, vous voici face à la phase cruciale, celle inévitable, indispensable et rébarbative (à moins que vous soyez un des génies cités plus haut ou un cyborg à visage humain ou un programme informatique déguisé en homme, en femme, en chat (cochez les mentions inutiles)), donc, voici venu le temps de l’épreuve de la correction et non des rires et des chants, dans l’île aux enfants, c’est toujours le printemps :).

Ahhhh !!!!!

Vous prenez alors toute la mesure de vos incompétences ou travers linguistiques, défauts de prononciation voire carrément j’en-foutre de la langue.

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Ce matin, en relisant un texte abandonné par manque de tout ce qui est nécessaire pour terminer un travail relégué à plus tard, je me suis demandé si j’avais encore toute ma tête.

La correction est la besogne que je déteste le plus, celle qui m’entraine dans des interrogations sans fin, faim, feint.

Mais, je lui reconnais un pouvoir étonnant, celui de me permettre de progresser (pas beaucoup, faut pas exagérer, il me faudra des années pour pondre un texte à peu près potable sans y revenir cinq, dix, quinze, cent fois).

Mon défaut principal est celui de la correction-réécriture.

Au lieu de se contenter de réécrire un minimum, voilà que c’est un élagage de grande envergure, un dérapage incontrôlé dans les travers de l’histoire et boum, vous retournez au point de départ à la place de terminer la course avec un ouvrage presque finalisé.

Ensuite, à force de dire « non, tu ne réécris rien – non, tu ne réécris rien – non, tu ne réécris rien – non… » vous finissez par vous pencher sur la correction-orthographique-grammaticale.

Vous connaissez tous le mot sur le bout de votre langue, celui qui boude et décide de ne pas remonter jusqu’à votre cerveau tournant à plein régime pour trouver ce p***** de mot de m**** que vous cherchez si fort que vous finissez par en avoir la migraine.

Aparté : Mais, si ! je te dis qu’il commence par « dé-quelque chose » alors qu’il commence par un « pi-quelque chose ».

Et là, un nouveau monde s’ouvre à vous.

En quelques mois, vous vous frottez à la grammaire, à l’accord des participes passés, aux contraintes de temps, aux styles narratifs (c’est quoi déjà ?), aux verbes ternes (tels mes cheveux arrachés à pleines mains lorsque tout déconne), aux répétitions (où elle est ? où elle est ? à tel point que vous devenez un chien de chasse le nez collé à votre écran pour mieux le renifler et trouver l’intrus), aux machins-choses aux mots beaucoup trop savants pour vous et maints détails dont vous découvrez l’existence.

Petit à petit, au fil des pages, vous rencontrez vos abus de pouvoir vis-à-vis des virgules et des points d’exclamation que vous forcez à ponctuer votre texte, vous repérez vos tics de langages, vos mots ou expressions fétiches (à bouche que veux-tu J) et autres infimes choses qui peu à peu vous exècrent, vous abominent, vous rendent chèvre.

Heureusement, parfois au détour d’un paragraphe ou d’un saut à la ligne, un rire vous emporte et un petit sentiment de fierté voire d’incrédulité vous réconforte : c’est moi qui ai écrit ça ? Ce n’est pas si mauvais !

Aparté : l’usage de la brosse à reluire doit rester modéré. Usez plutôt du mode « j’suis nulle », cela remet les choses à leur place.

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Il arrive aussi que vous vous trouviez face à un incident diplomatique : le fichier soigneusement corrigé, bichonné, lu-relu-rrrrelu se volatilise dans les entrailles de votre machine ou (comble de l’imbécilité qui me caractérise) termine à la poubelle tandis que le dossier aux multiples erreurs trône comme un pacha sur votre bureau virtuel. Évidemment, un accès brutal de « ménagite » aiguë vous a poussé à vider la corbeille et… patatras ! Quatre mois de corvée disparaissent corps et biens sans laisser d’adresse.

Cependant, à force de travail, d’usage d’yeux plus tout à fait en face des trous, de doutes et tout le tralala, vous voilà en possession d’une histoire presque (je dis presque parce que tel un pull un texte se détricote et se retricote à l’envie si le cœur nous en dit), publiable.

Personnellement, ce travail fastidieux de correction, de recherche de la petite bête, même s’il me rebute parfois, m’apprend aussi beaucoup. J’enrichis mon vocabulaire, je revois les règles de grammaire oubliées depuis mes lointaines années collège, je redécouvre les bienfaits de la ponctuation et évolue peu à peu grâce à la recherche des fautes perdues.

Malgré tout, certaines erreurs m’échappent encore.

Peut-être un jour serais-je auteur ?

Pour vous aider à progresser, n’oubliez pas les outils mis à votre disposition et que mon Dieu JC en personne a répertoriés sur son blog à l’adresse suivante.

https://leblogduneroussepeteuse.wordpress.com/2018/06/11/aide-a-lecriture-google-est-notre-ami/

Ma vie de romancière – 8 : Je faisais pipi debout

6 commentaires sur “Ma vie de romancière – 7 – Correction mon amour

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  1. Je ne dirai qu’une chose, c’est que le travail effectué, tes textes sont vraiment bien ficelés et intéressants, on ne bute pas sur une mauvaise conjugaison, qui risque parfois de changer le sens de la phrase; ni sur des verbes écrits comme on le parle. Sûrement que c’est un gros travail, mais il est porteur de bonheur pour les lecteurs.

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  2. Misère de misère en effet, que la correction de son roman. A force de se relire, on ne voit plus les coquilles, en quand on dit coquilles, c’est un joli terme pour ne pas dire  » énormités », parfois. Personnellement, chaque faute qu’un lecteur relève dans un de mes romans me désole, me déprime, me donne envie de me cacher dans un trou de souris ( mais je n’y rentrerai pas un orteil alors…). Alors inlassablement, je revois ma copie et je relance une impression ou une nouvelle version kindle. Fastidieux mais formateur.

    Aimé par 2 personnes

    1. Tout à fait d’accord avec toi et c’est aussi le côté pratique de l’auto-édition. On peut revenir sur un texte sans que cela soit trop difficile à republier, mais c’est aussi ce qui prouve notre total investissement dans nos ouvrages. Nous y revenons, inlassablement 🙂 Merci pour ton commentaire Béatrice.

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