Ma vie de romancière – 13 – A toute chose malheur est bon

Suis-je une auteure ? 

Une question lancée sur un célèbre réseau social m’a interpelée, non pas la question, mais les réponses données par les commentateurs, enfin, plus de trices que de teurs. 

Qui vit de sa plume ? 

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Contrairement à ce que je croyais, plus d’auteur.trice.s qu’il n’y parait. 

Là, je me suis sentie idiote et déplacée. 

Je ne désire pas vivre de ma plume ou tout au moins, je ne souhaite pas m’y consacrer entièrement. Non pas qu’à un moment lointain et depuis oublié je ne l’ai pas envisagé avant de comprendre que ce serait un mauvais service à me rendre. 

Écrire n’est pas une mince affaire. 

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Faire vivre ses livres complique sérieusement la situation surtout si vous désirez, comme moi et bien d’autres, vous lancer en tant qu’auteur indépendant. La promotion pour se faire connaître alourdit le fardeau déjà conséquent que nous portons sur nos épaules. Je veux parler du : « aimeront-ils mon livre ? ». D’ailleurs, je ne préfère pas répondre à cette question, cela risquerait fort de m’inciter à un geste fatal et jeter à la poubelle les histoires qui patientent dans mon ordi. Certaines piaffent depuis des mois et redoutent que la porte de la stalle ne soit jamais ouverte devant leurs nasseaux frémissants et que telles des momies, elles se dessèchent au fin fond de la mémoire de mon Mac. 

Je me suis étonnée de constater que d’avouer publiquement de ne pas « vouloir » vivre de ma plume choquait. 

Certains ont assimilé ma remarque à une sorte de honte face au « bling-bling » que pourrait apporter les droits d’auteurs et certains ont brandi le traditionnel : « en France ce n’est pas de bon ton de dire qu’on gagne de l’argent en écrivant ». À croire qu’un auteur est toujours pauvre, affamé et vit aux crochets de la société. Heureusement, il n’en est rien et certains tirent de belles manières leurs plumes du jeu. 

D’autres ont déclaré qu’ils préféraient vivre leur passion et tout lâcher, peu importe les conditions. 

Je les admire.

Personnellement, j’en suis incapable. 

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Mes racines profondément ancrées dans la terre, les préceptes de prudence rabâchés par mes parents depuis l’enfance, leur peur du « lendemain désenchanté » ou du « et si t’as pas de boulot, tu fais quoi ? » conditionnent ma propre vision de ce passe-temps dévorant. 

Mon propos, ambigu, je m’en suis rendu compte tardivement, évoquait bien autre chose, un sentiment particulier de non-obligation de résultats face à la production d’écrits, bons ou mauvais. 

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Je m’explique, et essayez de suivre ma pensée. 

Je ne souhaite pas vivre de ma plume afin de garder une totale liberté d’écrire ou non, de publier ou non mes élucubrations, de ne pas me désespérer devant une page blanche, de jouer avec les mots comme bon me semble, d’assassiner mes héros parce qu’ils me gonflent et de rester la seule à décider de les trucider avec un couteau à beurre, de ne pas être tributaire de chiffres de vente en dégringolade.

Écrire représente une bouffée d’oxygène, un moyen de me sortir du quotidien, de muscler mon cerveau sclérosé, d’imaginer et de structurer des scénarios délirants, de rire ou de pleurer selon mes mots, de jouer, toujours et encore avec les indomptables Grammaire, Syntaxe et Ortographe. 

J’y découvre une richesse intérieure, perdue depuis des lustres, un désir de m’améliorer après des années de latence et d’inertie. Je me construis différemment, je m’affranchis d’un contexte parfois difficile ou lourd à porter, je me crée une double-vie et là, je l’avoue, je kiffe à mort.

Et puis, se proclamer dilettante allège le poids de la culpabilité lorsqu’une faute résiste à vos multiples relectures, évite que l’humiliation publique à cause d’un chapeau oublié sur une tête ne vous pousse à vous cloîtrer dans votre solitude ou votre sentiment d’être « nulle à chier ». Vous me direz que pour de la romance de toilettes, c’est tout de même une belle fin :). Un commentaire négatif vous touche moins parce qu’il ne met pas en péril votre liste de course de la semaine ou ne se niche pas dans vos chaussettes pour y nourrir votre moral en berne. Une baisse des ventes épargne votre chevelure d’un arrachage précoce et l’achat obligatoire d’une perruque. Une chute vertigineuse dans les classements Amazon et consorts n’engraisse pas le laboratoire producteur d’antidépresseurs dont vous useriez à outrance. 

Je revendique donc mon droit au dilettantisme, de n’être pas finalement un auteur dans toute l’acceptation du terme. 

En plus, j’écris de la romance 😀

Depuis que je m’affranchis de toutes les contraintes liées à l’écriture, à la publication, à l’obligation de résultat, je retrouve une liberté de choix et de désirs beaucoup plus enrichissants, j’y retrouve un souffle de vie et un bonheur partagé simplement au grè de rencontres. 

Haut les coeurs, amis auteurs, écrire reste notre passion et chacun peut y trouver midi à sa porte 😉

Ma vie de romancière – 14 : Au tout début

13 commentaires sur “Ma vie de romancière – 13 – A toute chose malheur est bon

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  1. Tu exprimes parfaitement ma pensée… Cet article me rassure. Je ne suis donc pas la seule à vouloir éditer mes histoires sans rechercher a tout prix le gain ! C’est un soulagement pour moi. Pourtant, de mon point de vue de lectrice fan de chez fan super fan de tes livres j’ai envie de te dire…. tu iras loin, tu seras un jour une romanciere super célèbre et j’aurai la fierté d’avoir entre les mains un de tes premiers et nombreux livres avec ta dédicace !!! 😍😎
    Si j’en avais le pouvoir, je te propulserais direct en tête d’affiche avec la possibilité de garder toute ta liberté qui te rend si créatrice et farfelue. Bref, ne jamais dire jamais. L’avenir est rempli de belles surprises 😉

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    1. Tu es raccord sur le fond, mais pas la forme lol. Pour autant, je ne dis pas que l’argent ou les lecteurs ne m’intéressent pas. Au contraire, mais je refuse de subir la pression que cela peut-être si l’on s’impose d’écrire pour des chiffres.

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      1. Ah mais moi aussi j’aime bien les sous et les lecteurs. Mais écrire pour plaire à un public cible ou faire un programme pour vendre, non. Je fais les choses comme elles me viennent en terme de com, même si cela ne reflète pas du tout ma façon d’écrire 😉

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  2. Tu es une auteur, auteure, autrice, écrivaine aussi ! qu’importe le mot, pourvu qu’on ai tes livresques ! Tu écris bien , joueuse avec tes lecteurs et tes acteurs, je suis souvent surpris, et ça me plait beaucoup ! Continue, amuse-toi et je serai un fidèle consommateur. bonne journée Romane, je t’embrasse .

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    1. Merci Jc. Je dirai même qu’elle demeure la seule. Plus l’envie de perdre du temps pour des futilités. J’écris ce que j’aime, comme je l’aime 🙂 J’ai une nouvelle bibliothèque à garnir avec des couvertures multicolores pour égayer mes vieux jours lol.

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